Le lundi de la 27e semaine du temps ordinaire

Né le 06 aout 1931, Raymond est issu d'une famille de métallurgistes d'origine polonaise installée à Montchanin depuis 1924, lors de l'important flux migratoire de la Pologne vers la France, ville dont il a gardé intact son savoureux accent de Saône et Loire.

Sa vocation s'est éveillée très tôt dès l'enfance, et n'a cessée de s'affirmer au cours de l'adolescence et ce, malgré les mises en garde du prêtre, son confesseur.

En 1943, il poursuit ses études au collège des Pères Pallotins de Chevilly, près d'Orléans. Bachelier en 1948, il entre au grand séminaire polonais de Paris, et mène parallèlement de brillantes études à l'institut catholique de Paris, sanctionnées par une licence de théologie.

Il reçoit son ordination des mains de l’archevêque Monseigneur Józef Gawlina dans l'Église polonaise de Paris le 29 mai 1955. Il célèbrera sa première Messe le 05 Juin entouré de sa famille et amis à Montchanin.

Nommé à Harnes le 1er Sept 1955, il accomplit ses premiers pas dans l’exercice de son sacerdoce guidé et conseillé par le chanoine Léon Plutowski, alors en charge de la paroisse.

Dans les débuts de son ministère de vicaire, il n'a pas été investi de toutes les responsabilités auxquelles il était destiné. Il ne supervisait pas le KSMP par exemple... A l’époque la section masculine de l'association comptait des célibataires endurcis de 30ans et plus, ouvriers mineurs, à la stature impressionnante qui n'auraient fait qu'une bouchée de ce jeune abbé timide, frisettes et soutane au vent à bicyclette, puis plus tard en scooter Motobécane.

Dans un premier temps, son accent surement pas Ch’ti surprenait un peu, mais cela n'a pas duré ; il a été accepté tel quel...Par contre, parmi les témoins de cette époque, dont certains sont ici présents, nul n'a oublié le dynamisme de ce jeune abbé qui a su insuffler une certaine forme de modernité dans les relations qu'il devait entretenir et développer avec les associations paroissiales dont il devenait le guide spirituel. Il lui a fallu développer une souplesse de compréhension et une approche psychologique suffisamment adaptées pour être compris, admis et reconnu de tous, et à la fois asseoir une certaine forme d'autorité.

La qualité de son travail est rapidement reconnue par la hiérarchie de la Mission Catholique Polonaise en France. Aussi quand l'Abbé Plutowski exprime et concrétise le désir de retourner en Pologne, cette hiérarchie n'hésite pas en 1959 a lui confier seul la responsabilité de la conduite de la paroisse qui deviendra l'une des plus importantes du Nord de la France.

Les qualités du jeune abbé sont appréciées à leur juste valeur, puisqu'en 1968, il est nommé chanoine, ce qui est flatteur pour un prêtre de son âge.

En 1975, il est élevé à la dignité de prélat, distinction qui émane de Rome ; c'est quand même significatif de la satisfaction que donne son implication dans l'exercice de son ministère.

Il est également investi des fonctions de doyen des prêtres polonais du Nord-Pas-de-Calais, preuve de la reconnaissance de ses pairs, et de sa fidélité à notre région.

1973, l'année du décès de son père, et 1986 celle de sa maman, resteront les deux années dont ces évènements majeurs auront assombri sa vie.

Il est entré en prêtrise dans le célibat, synonyme de solitude, et se retrouve spirituellement, frère, père et grand-père de la majorité des membres de cette paroisse.

Depuis le début de sa prise de fonctions pastorales, il s'était efforcé d'éveiller, puis d'enraciner dans la paroisse le culte de l'adoration du Sacré Cœur de Jésus, ainsi que celui de la dévotion pour la très Sainte Vierge Marie. Il a introduit et encouragé le culte de la confiance en la protection de soi-même, de la paroisse et de l'humanité par la miséricorde Divine.

Il a uni par le sacrement du mariage, la majorité des seniors de ma génération, présents en cette église, a baptisé leurs enfants, qu'il a catéchisés, et les a également mariés. Il avait déjà commencé le cycle des baptêmes de la troisième génération.

Les paroissiens des générations précédentes, qu'il confie régulièrement à la miséricorde divine, il en est spirituellement le frère, et pour celles qui se succèdent, il pourrait en être le père, voire même le grand-père. Il a consacré sa vie au service de Dieu, ainsi que de son prochain, dans la solitude, mais en fait, s'est créée autour de lui une grande famille, avec laquelle dans la confiance absolue, il chemine vers le terme de sa présence sur terre pour rejoindre la maison céleste du Seigneur Dieu.

Le 06 Septembre 2008, la hiérarchie de la mission catholique polonaise en France, décide de mettre Monseigneur en disponibilité, et de le libérer de la charge de la gestion de la paroisse, de le mettre en retraite en somme. Monseigneur a choisi de rester parmi ses ouailles aussi longtemps que ses capacités physiques le lui permettront. Il était trop difficile de se libérer des liens tissés avec sa famille spirituelle, au cours de ces 53 ans de pastorale très active.

Le sort en a décidé autrement. Des problèmes de santé ont insidieusement réduit ses capacités de déplacement. Le fauteuil a aidé un certain temps, mais il arrive un moment où les meilleurs soins sont inefficaces.

Le samedi 08 Août, Monseigneur s'est endormi paisiblement, et est retourné auprès du Seigneur qu'il aura fidèlement servi toute sa vie.